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Villes et Pays d’art et d’histoire
Lille
laissez-vous
conter
et son parc
la citadelle
Laissez-vous conter la citadelle et son parc
Une défense raisonnée
S’il se réfère à ses illustres précurseurs,
Vauban compose avec l’évolution
de l’armement et de la stratégie. Il
entretient un dialogue permanent de la
place forte avec son site, créant aussi
des synergies avec les autres villes du
pré carré. Ingénieur, Vauban raisonne
également comme un gestionnaire
et un administrateur, établissant la
meilleure défense possible pour un
coût de construction et d’entretien
réduit au maximum. Il examine ainsi
attentivement les ressources locales
(main-d’œuvre, matériaux et savoir-
faire), nécessairement adaptées aux
qualités propres du territoire et donc
plus eficaces et plus économiques.
Des qualités adaptées à son temps
Vauban reprend le principe de la
fortiication bastionnée, développée
au 16
e
siècle par les ingénieurs
italiens après que les progrès de
l’artillerie aient rendu ineficaces les
anciennes fortiications. Les murs
s’abaissent et gagnent en épaisseur.
Pour absorber le choc des boulets
métalliques, 20 mètres de terre sont
disposés derrière un parement de
pierre et de brique. Les tours perdent
leur toit et se transforment en
bastions, vastes plates-formes pour
les canons. Au-delà de l’enceinte
de la citadelle, Vauban déploie
une défense échelonnée composée
de fossés, de tenailles, de demi-
lunes et de chemins couverts qui
maintiennent l’ennemi à distance. En
ingénieur avisé, Vauban sait toutefois
qu’aucune place n’est imprenable.
En multipliant les obstacles, il
espère ralentir l’avancée de l’ennemi,
permettant ainsi au défenseur de
se réorganiser ou de compter sur
l’intervention de troupes de secours.
La construction de la citadelle (1667-1670) ouvre une période nouvelle pour Lille : intégrée au royaume de
France, la ville est agrandie et se pare progressivement d’architectures à la française, pour devenir une véri-
table capitale provinciale. Si la place forte demeure encore aujourd’hui un site militaire, ses abords abritent
maintenant le plus grand parc de la ville labellisé «espace vert écologique» en octobre 2007 par Ecocert».
Lille devient française
A la mort de Philippe IV d’Espagne
(1665), Louis XIV réclame les
territoires de Flandre en héritage, au
nom de son épouse l’Infante Marie-
Thérèse. Face au refus espagnol de
céder les provinces du Nord, Louis
XIV lève une armée de 50 000
hommes. Les troupes françaises
progressent rapidement : après
Tournai et Douai, Lille capitule le
27 août 1667 au terme de 9 jours
de siège. Le traité d’Aix-la-Chapelle
signé le 2 mai 1668 conirme le
rattachement de Lille et de la Flandre
wallonne au royaume de France.
La contre-garde d’Anjou (à gauche) et la demi-lune
Royale (à droite), défenses avancées de la citadelle,
autrefois en eaux
© Service Ville d’art et d’histoire, Ville de Lille
Le roi Louis XIV assiste au siège de Lille, ouvert le 18 août 1667 devant la porte de Fives. Au second plan, le prieuré de Fives
Le Siège de Lille en 1667
, Van der Meulen © Musée des Beaux-Arts de Dijon
Une ville dans la ville
A l’écart de la ville nouvellement
conquise, la citadelle exerce
une surveillance constante sur
ses habitants, sans pour autant
leur faire supporter la charge de
l’hébergement des soldats, comme
le prévoyait l’acte de capitulation
de la ville. C’est donc une véritable
caserne avant l’heure, concentrant
tous les bâtiments nécessaires à son
administration et à son autonomie.
En plus des logements destinés
aux soldats, à l’état-major et au
gouverneur, des poudrières, des
prisons et un arsenal complètent
le dispositif militaire. A celui-ci
s’ajoutent une chapelle, des magasins
pour les vivres, un barbier, une
boulangerie et un moulin dont la
roue était entraînée par un canal
souterrain. Forte d’une garnison
d’un millier d’hommes, la citadelle
se révèle une véritable ville, avec
sa place et ses rues. C’est là le sens
même du mot « citadelle » (de
cittadella, « petite cité » en italien).
Le pré carré
Le 3 janvier 1673 Vauban écrit Ã
Louvois, ministre de la guerre :
« Sérieusement, Monseigneur, le Roy
devrait un peu songer à faire son pré
carré. Cette confusion de places amies
et ennemies pêle-mêle ne me plaît
point ; vous êtes obligé d’en entretenir
trois pour une, vos peuples en sont
tourmentés, vos dépenses de beaucoup
augmentées et vos forces de beaucoup
diminuées… C’est pourquoi, soit par
traité ou par une bonne guerre, […]
prêchez toujours la quadrature, non
pas du cercle, mais du pré. C’est une
belle et bonne chose que de pouvoir
tenir son fait des deux mains ». Peu
après il s’attèle à la conception d’une
double ligne de places fortes au
nord-est du pays. S’appuyant sur le
réseau existant, il crée une véritable
« ceinture de fer », destinée à stabiliser
la nouvelle frontière et à protéger Paris.
Une citadelle à Lille
Ingénieur du roi depuis 1655,
Vauban séduit Louis XIV et Louvois
grâce à un plan à 5 bastions qui
occulte le projet d’une citadelle
à quatre branches de l’ingénieur
Nicolas de Clerville. Vauban en
conserve toutefois l’emplacement,
une zone marécageuse au nord-ouest
de la ville, irriguée par les rivières de
la Deûle et du Bucquet. Ce terrain
plutôt hostile participe à la défense
du site par un système d’inondations
des abords de la place forte. Après
avoir dirigé plusieurs sièges avec
succès, il met à proit son expérience
de preneur de place pour dessiner
celle qu’il désigne comme la « reine
des citadelles ».
Plan de la citadelle avant l’ajout des contre-gardes
au XVIII
e
siècle © Musée de l’Hospice Comtesse
Un chantier record
Dès décembre 1667, les travaux
de terrassement commencent sous
la direction de Vauban, assisté du
maître-maçon lillois Simon Vollant. A
peine trois ans plus tard, la citadelle est
presque achevée et accueille sa première
garnison. Pour mener son projet à bien,
Vauban a réquisitionné main-d’œuvre
et matériaux : jusqu’à deux mille
hommes travailleront à la mise en
Å“uvre des 60 millions de briques, 3,3
millions de parpaings et 60000 pieds
de grès nécessaires à la construction.
Ain de faciliter leur acheminement et
réduire les coûts de transport, un canal
a été creusé de la Haute-Deûle jusqu’Ã
la citadelle. La citadelle de Lille est
le premier grand ouvrage fortiié de
Vauban, alors âgé de 34 ans.
De larges rues pavées séparent six corps de casernes
abritant 204 chambres de troupes
© Daniel Rapaich, Ville de Lille
Sébastien Le Prestre de Vauban, 1633 - 1707
Portrait de Vauban aux trois crayons
, Hyacinthe Rigaud © SHD
La chapelle introduit à Lille une architecture classique qui
servira plus tard de référence : pierres de grand appareil,
niche centrale, pilastres corinthiens, fronton courbe, volutes...
© Daniel Rapaich, Ville de Lille
Ecritures architecturales
Les bâtiments de la citadelle se
déploient autour d’une place
d’armes pentagonale : arsenal,
chapelle, hôtel du gouverneur,
casernes des soldats et pavillons des
oficiers présentent une architecture
soignée. Les casernements destinés
aux soldats sont issus des modèles
d’architecture locale, tandis que
les autres édiices respectent les
canons de l’architecture classique
diffusée par le pouvoir royal. Les
façades sur cour des portes initient
un compromis architectural.
De ces références nationales et
locales surgit un art de synthèse
introduisant des références
classiques alors inconnues à Lille.
Un dispositif complet
La citadelle est comprise dans
un système complexe de défense.
Vauban agrandit l’enceinte de la ville
au nord-est et modernise l’ancienne
enceinte de la période espagnole,
augmentée notamment d’ouvrages Ã
cornes à l’est et du bastion du Réduit
(1671-1674) au sud. L’établissement
de celui-ci au cœur du quartier
populaire de Saint-Sauveur est
révélateur de la volonté royale : se
protéger des troupes adverses autant
que d’une population méiante
vis-Ã -vis du nouveau souverain. En
1717, la Grand’Garde établie sur
la Grand’Place vient compléter ce
dispositif, réafirmant la présence du
roi au cœur de la cité.
Le quartier Royal
La citadelle achevée, Vauban s’attelle
à l’agrandissement de Lille vers le
nord-est, augmentant d’un tiers la
supericie de la ville qui compte alors
50 000 habitants. La perspective d’une
opération inancière sur la revente
de terrains viabilisés et lotis semble
être le facteur décisif de l’un des plus
grands chantiers urbains de la in du
17
e
siècle, destiné à inancer une partie
du coût des travaux de la citadelle. Un
nouveau quartier s’élève, séparé de
la citadelle par l’espace découvert de
l’esplanade. Simon Vollant a la charge
de tracer les nouvelles rues, sur un
mode bien différent de celui du vieux
Lille : deux grands axes structurants
(rue Royale et rue Saint-André) sont
coupés à angle droit par des rues
transversales et dessinent une trame
urbaine régulière. De grandes parcelles
permettent d’élever de riches demeures
entre cour et jardin, intégrant un
vocabulaire architectural hérité du
classicisme français.
Réseau des tranchées parallèles creusées par les troupes hollandaises et anglaises lors du siège de 1708.
Elles se déploient depuis l’esplanade jusqu’au chemin courant
© Bibliothèque municipale de Lille
La citadelle est séparée de la ville par l’esplanade. De l’autre côté, le quartier Royal se distingue nettement de la vieille ville
Lille et ses environs augmentée de ses fortiications depuis 1707 jusques et compris 1716 (extrait)
© Musée de l’Hospice Comtesse
Une ville désormais française
Dorénavant ville de garnison,
Lille devient rapidement une
capitale provinciale. Dotée de
nouvelles administrations elle offre
d’intéressantes perspectives aux
édiles locaux. Nommé gouverneur
de la citadelle (1668) puis de Lille
(1684), Vauban Å“uvre ain que
les lillois ne soient pas écartés des
charges nouvelles qui sont créées.
Cette bienveillance constante et
l’attachement afirmé par le roi Louis
XIV Ã Lille (six visites entre 1670
et 1680) permettent d’instaurer un
climat de coniance. D’abord hostiles
au nouveau souverain, les lillois
sont rassurés par le maintien de
leurs franchises et par une politique
anti-protestante. Quelques années
plus tard ils auront l’occasion de
démontrer leur attachement au
royaume de France.
Le siège de 1708
En 1708, la « reine des citadelles »
va connaître l’épreuve des armes,
en pleine Guerre de Succession
d’Espagne. Le 13 août, 45 000 soldats
anglais, hollandais et autrichiens
prennent position autour de Lille,
défendue par 9 000 hommes. Après
62 jours de combat, les Alliés
investissent la ville tandis que le
Maréchal de Bouflers se retranche
dans la citadelle le 25 octobre avec
le reste de la garnison de Lille (4 500
hommes). Le siège de la citadelle va
durer 41 jours, durant lesquels ses
défenseurs vont livrer un combat
acharné. Le 8 décembre, Bouflers fait
hisser le drapeau blanc sur le bastion
du Roi, après que Louis XIV lui ait
demandé de négocier la capitulation.
Les défenseurs abandonnent la
citadelle le 11 décembre, franchissant
la porte Dauphine avec les honneurs
de la guerre. L’effort ne fut pas vain,
portant un coup d’arrêt à la campagne
des Alliés. Pendant 5 ans, Lille va
vivre sous occupation hollandaise,
au terme d’un affrontement qui aura
inalement renforcé le sentiment
d’unité nationale.
Les casernes adoptent un style lillois : matériaux locaux
(soubassement en grès, brique rouge et pierre blanche de
Lezennes), bandeaux de pierre, fenêtres basses et étroites,
arcs surbaissés et épais larmiers
© Daniel Rapaich, Ville de Lille
Le revers de la porte Royale forme une synthèse franco-
lilloise : au grand fronton courbe répondent l’alliance de
la pierre et de la brique ainsi que les bandeaux soulignant
les fenêtres et l’épaisse mouluration des larmiers
© Daniel Rapaich, Ville de Lille
Façade arrière d’un hôtel particulier à l’angle
de la rue Royale et de la rue du Magasin
Détail du plan-relief de Lille
© Christian Carlet, Musée des plans-reliefs
Quelques modiications…
Du début du 18
e
siècle jusque 1830, les
défenses de la citadelle sont renforcées
par l’ajout de 7 lunettes et de
5 contre-gardes et par la modiication
des glacis. Au 18
e
siècle, d’autres
travaux sont entrepris : plus faciles Ã
entretenir, les ardoises remplacent les
tuiles lamandes des toitures ; le grand
fossé de 40 mètres de large et 4 mètres
de profondeur est progressivement
comblé ; un pont en pierres est construit
en lieu et place du pont-levis de la
porte Royale. Abandonné depuis 1796,
l’hôtel du gouverneur est démoli en
1817, puis reconstruit en 1955 dans un
style classique. Cette dernière reprise
inaugure une série d’interventions
visant à moderniser les bâtiments de
la citadelle, restaurés, modiiés ou
reconstruits pour s’adapter aux besoins
de l’armée.
…mais une vocation militaire
toujours afirmée
Après des années de tractations, le
déclassement des fortiications de
Lille est prononcé en 1919. Entre-
deux-guerres, le démantèlement de
l’enceinte urbaine libère 368 hectares
de terrain aux portes de la ville,
tandis que la citadelle demeure un site
militaire. Depuis 1871 elle abrite le
43
e
Régiment d’Infanterie, augmenté
aujourd’hui de l’Etat Major du Corps
de Réaction Rapide.
Flâneries autour de la citadelle
Il est aujourd’hui dificile pour le promeneur d’appréhender les abords de la
citadelle : le paysage s’est modiié à mesure que le site perdait sa vocation mi-
litaire. Si les talus, fossés, demi-lunes, contre-gardes et chemins couverts sont
encore perceptibles, une petite revue des lieux est néanmoins nécessaire.
Promenade dans le bois de la Deûle
© Archives départementales du Nord
1/
Du haut de la pointe de la demi-
lune Royale, l’esplanade apparaît
clairement comme une zone-tampon
entre la ville et la citadelle, délimitée
par le mail de tilleuls et le canal de
la Moyenne-Deûle (percé en 1750).
Si l’ennemi venait à prendre la ville,
il était alors confronté à la dificile
traversée à découvert de l’esplanade,
les fronts nord, ouest et sud de
la citadelle étant protégés par un
dispositif d’inondation. Par la suite,
ses dimensions lui ont naturellement
permis de s’imposer comme un
site privilégié pour les grands
rassemblements, accueillant des
équipements de loisirs ou de grandes
manifestations festives.
Artisan de la gloire du roi Soleil,
Vauban connaissait l’importance
symbolique des portes. Tournée
vers la ville, la porte Royale est
naturellement la plus ornée : sa
composition est un hymne à la gloire
de Louis XIV, transposition classique
des arcs de triomphe romains. A son
sommet, le Soleil royal écarte les
nuages, au-dessus d’un important
décor composé de trophées et
d’armures militaires, augmenté en
1816 des armes et de la couronne de
France. A l’origine le visiteur devait
franchir 5 ponts successifs avant
d’atteindre la double herse de la porte
Royale. Seuls deux d’entre eux ont
été conservés, dont le pont-levis de
la tenaille, remplacé au milieu du 18
e
siècle par un pont dormant de pierre.
Celui-ci surplombait autrefois un
vaste fossé en eau, progressivement
comblé.
Le poumon vert de Lille
Après l’agrandissement de Lille en
1858, une partie des fortiications
avancées de la citadelle se retrouve
à l’intérieur de la nouvelle enceinte.
Cette zone fait alors l’objet d’un
aménagement à caractère récréatif et
devient le Jardin de la Citadelle, face
à celui de l’Impératrice aujourd’hui
Jardin Vauban. Rapidement, les lillois
rebaptisent ce jardin en « Bois de
Boulogne » en référence au célèbre bois
parisien. Vers 1880, l’ensemble des
fortiications est transformé en parc
et devient le Bois de la Deûle. Le site
demeurant militaire, les aménagements
se limitent à la plantation d’arbres, Ã
la création de chemins et d’allées et Ã
l’implantation de bancs.
Après la Seconde Guerre mondiale,
un premier jardin d’enfant est créé
à l’entrée du bois (1950), avant
l’installation d’un parc aux bêtes
(1954). Le parc de la citadelle
constitue aujourd’hui un espace
naturel de premier plan au cœur de
la ville, entretenu selon des principes
respectueux du site, de la faune et
de la lore, permettant aux touristes,
joggeurs, pêcheurs et familles de
l’apprécier à sa juste valeur.
Enjambant le grand fossé, le pont relie la porte Royale
au réduit de la demi-lune Royale (en arrière-plan)
© Daniel Rapaich, Ville de Lille
3/
Disposés aux angles saillants de
la place forte, chaque bastion assure
le lanquement du bastion adjacent
et de la courtine voisine, tout en
maintenant l’ennemi à distance.
Leur forme pentagonale permet
d’éliminer tout angle mort. A leur
sommet, une plate-forme recevait des
canons. Plus tardives (1730-1750), les
contre-gardes adoptent une forme en
équerre. Placée dans le fossé devant
un bastion, elle le protège tout en
doublant la ligne de feu, en même
temps qu’elle interdit aux ennemis
de franchir le grand fossé. Chaque
contre-garde possède deux galeries
percées de meurtrières, auxquelles on
accède par une porte située au fond
d’un couloir de retranchement.
Fondé en 1791, le 43
e
régiment d’infanterie est l’héritier du
« Royal des Vaisseaux », régiment de mer levé en 1638.
© Daniel Rapaich, Ville de Lille
L’étoile à cinq branches de la citadelle se détache encore
nettement au coeur du parc boisé
© Daniel Rapaich, Ville de Lille
L’ouvrage triangulaire porté en
avant de la porte Royale est appelé
demi-lune. Cerné de fossés et placé
devant une porte et une courtine, il
les protège de tout tir direct. Pour
empêcher l’ennemi ayant investi
une demi-lune de s’en servir pour
se mettre à couvert, la face orientée
vers la place forte ne comporte pas
de mur. Un réduit protégé par un
mur de briques percé de meurtrières
et bordé d’un fossé permettait aux
défenseurs de se réfugier si la défense
de l’ouvrage n’était plus possible.
Les deux faces du bastion de Turenne
© Service Ville d’art et d’histoire, Ville de Lille
Le Soleil Royal accueille les visiteurs de la citadelle
© Daniel Rapaich, Ville de Lille
1
2
3
5/
Au pied de l’ancien stade
Grimonprez-Jooris se dresse le mur
de communication d’En Bas. Il
assurait la jonction des fortiications
de la citadelle avec l’enceinte fortiiée
de la ville.
5
8/
Les défenses de la citadelle sont
échelonnées sur près de 300 mètres
selon cinq lignes de front successives. La
première est constituée par la courtine
et le bastion. Ensuite viennent les demi-
lunes au cœur du grand fossé large de
40 mètres, puis le chemin couvert suivi
d’un glacis de 56 mètres, un nouveau
fossé de 24 mètres garni de lunettes,
et enin l’avant-chemin couvert. Au
delà s’étendait autrefois un glacis,
vaste zone à découvert dont la pente
rendait dificile le réglage des canons :
à distance, la citadelle et ses défenses
paraissaient s’enfoncer dans le sol,
camoulant en partie les maçonneries.
Des embarcations et des passerelles
légères permettaient d’assurer la
communication entre les ouvrages
avancés cernés par les eaux.
L’extension de la ville en 1858 a
entraîné le déplacement de l’ancien
mur de communication d’En haut,
situé autrefois à l’emplacement du
quai du Wault. La nouvelle liaison
entre la citadelle et les remparts de
la ville s’effectuait alors au niveau de
la porte de Dunkerque, où le canal
se rétrécit. Il pouvait être obturé
par des chaînes dont les systèmes
d’accrochage sont encore visibles.
Défenseur à l’abri du chemin couvert
Traité de l’attaque des places
(extrait), Vauban
© Bibliothèque municipale de Valenciennes
La porte centrale de la poterne Sainte-Barbe ouvrait
autrefois sur un tunnel communiquant avec le fossé
© Daniel Rapaich, Ville de Lille
6/
Le mémorial de Léon Trulin
perpétue le souvenir de ce jeune
résistant de la Première Guerre
mondiale, fusillé par les Allemands
dans les fossés de la citadelle le 8
novembre 1915. De nombreux autres
lieux de mémoire sont disposés sur
le site (voir carte), rappelant les
heures douloureuses de Lille, occupée
à deux reprises par les troupes
allemandes.
6
Repérage des défenses
de la citadelle en 1746
1. Esplanade
2. Mur de communication d’En haut
3. Bastion
4. Courtine
5. Tenaille
6. Réduit de la demi-lune
7. Demi-lune
8. Contre-garde
9. Place d’armes du chemin couvert
10. Lunette
11. Place d’armes de l’avant-chemin
couvert
12. Glacis
Plan-relief de Lille conservé au Palais des Beaux-Arts de
Lille (détail) © Christian Carlet, Musée des plans-reliefs
L’actuel sentier est situé en haut du
talus de l’ancien chemin couvert, abrité
du côté des remparts derrière un parapet
ménageant également une banquette
de tir. Au devant du talus, la lunette en
forme de V est clairement visible, avec
au premier plan son réduit. L’ensemble
était protégé par des fossés en eau, dont
une partie est conservée. Quelques
mètres plus loin, une vaste place d’armes
fait le lien entre le chemin couvert et la
coupure des remparts, entre demi-lune et
contre-garde. Cette aire de forme carrée
permettait de rassembler les soldats,
pour l’attaque ou le repli défensif.
Le mur reliant deux bastions
se nomme une courtine. Elle est
protégée au sol par une levée de terre
disposée dans le fossé : la tenaille.
En sécurisant ainsi la courtine, la
tenaille autorisait le percement d’une
poterne, porte dérobée masquée
par la maçonnerie et permettant
d’accéder au fossé. Un souterrain
long de 25 mètres traverse le rempart
et la poudrière Saint-George pour
déboucher dans la citadelle.
La porte Dauphine
© Service Ville d’art et d’histoire, Ville de Lille
4/
Ain d’amortir le choc des boulets
de canon, les fortiications sont
principalement constituées de terre
tassée, recouverte d’un appareillage
de moellons de calcaire puis d’un
parement de briques et de grès.
Disposé en bas du mur au contact
de l’eau, le grès, imperméable et non
gélif, assure la bonne conservation de
l’ouvrage. Des boutisses apparaissent
parmi les briques. Ces longues pierres
permettent d’arrimer solidement le
parement au rempart de terre. Les
briques locales étant peu résistantes,
elles ont été employées dans les
couches intérieures du parement.
La face extérieure est constituée de
briques d’Armentières, plus chères
mais de bien meilleure qualité.
4
Proil des lignes de défense de la citadelle en 1708 © Bibliothèque municipale de Lille
Courtine ou bastion
Tenaille
Glacis
Grand fossé
Demi-lune
Fossé
Glacis
Fossé
Avant-chemin
couvert
Chemin couvert
7/
Disposée du côté de la campagne,
la porte Dauphine était la plus
exposée. D’allure massive, sa
décoration est moins ouvragée
que celle de la porte Royale, mais
comme cette dernière elle introduit
à Lille le vocabulaire classique
français, rehaussé au fronton d’une
célébration du Roi-Soleil, des arts
et de la guerre. En avant de la
porte, au centre de la demi-lune, les
bosquets d’ifs taillés matérialisent
au sol l’ancien tracé du réduit. Sur
la gauche de l’avant-porte, on peut
observer la reconstitution d’une
palissade de bois. Pas moins de
28 000 pieux étaient disposés pour
protéger les parapets des ouvrages.
7
9/
Côté campagne, les marais
(aujourd’hui disparus) devaient
ralentir la progression de l’ennemi.
Cet obstacle était renforcé par un
système complexe d’inondation
permettant de noyer 1 700 hectares
sous 55 cm d’eau. La boue et l’eau
se révélaient alors de précieux
auxiliaires : la progression des
soldats et des canons était freinée,
les campements et les tranchées
d’approche malaisées, le moral
des hommes atteint, en même
temps que les menaces de maladies
augmentaient. Ce dispositif
contraignait l’ennemi à n’attaquer la
citadelle qu’après la prise de la ville,
puis à s’engager sur l’esplanade.
Une citadelle restaurée
La citadelle a été classée monument
historique en 1934. Depuis 1670, la
vocation militaire du site assure à la
« reine des citadelles » un entretien
régulier par les services de l’Etat, lui
permettant d’être aujourd’hui l’une
des Å“uvres de Vauban les mieux
conservées. Les ouvrages extérieurs,
cédés à la Ville en 1960 et transformés
en lieu d’agrément, nécessitent
aujourd’hui un vaste programme de
restauration. Financé par la ville de
Lille et le Conseil général du Nord,
celui-ci débutera en 2008 par la
contre-garde du Roy. Il devrait durer
une vingtaine d’années.
1
2
Détail de la constitution du mur
de la contre-garde du Roy (avant restauration)
© Service Ville d’art et d’histoire, Ville de Lille
8
4
5
6
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